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son air de bête traquée… Il fit mine de revenir sur ses pas pour franchir la haie du côté du petit ruisseau.

Je l’appelai :

— Meaulnes !… Augustin !…

Mais il ne tournait pas même la tête. Alors, persuadé que cela seulement pourrait le retenir :

— Frantz est là, criai-je. Arrête !

Il s’arrêta enfin. Haletant et sans me laisser le temps de préparer ce que je pourrais dire :

— Il est là ! dit-il. Que réclame-t-il ?

— Il est malheureux, répondis-je. Il venait te demander de l’aide, pour retrouver ce qu’il a perdu.

— Ah ! fit-il, baissant la tête. Je m’en doutais bien. J’avais beau essayer d’endormir cette pensée-là… Mais où est-il ? Raconte vite.

Je dis que Frantz venait de partir et que certainement on ne le rejoindrait plus maintenant. Ce fut pour Meaulnes une grande déception. Il hésita, fit deux ou trois pas, s’arrêta. Il paraissait au comble de l’indécision et du chagrin. Je lui racontai ce que j’avais promis en son nom au jeune homme. Je dis que je lui avais donné rendez-vous dans un an à la même place.

Augustin, si calme en général, était maintenant dans un état de nervosité et d’impatience extraordinaires :

— Ah ! pourquoi avoir fait cela ! dit-il. Mais oui, sans doute, je puis le sauver. Mais il faut que ce soit tout de suite. Il faut que je le voie,