Page:Le Grand Meaulnes.djvu/190

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Et maintenant, dit Meaulnes soudain, je vais préparer mon bagage. Apprends-le, Seurel : j’ai écrit à ma mère jeudi dernier, pour lui demander de finir mes études à Paris. C’est aujourd’hui que je pars.

Il continuait à regarder vers le bourg, les mains appuyées aux barreaux, à la hauteur de sa tête. Inutile de demander si sa mère, qui était riche et lui passait toutes ses volontés, lui avait passé celle-là. Inutile aussi de demander pourquoi soudainement il désirait s’en aller à Paris !…

Mais il y avait en lui, certainement, le regret et la crainte de quitter ce cher pays de Sainte-Agathe d’où il était parti pour son aventure. Quant à moi, je sentais monter une désolation violente que je n’avais pas sentie d’abord.

— Pâques approche ! dit-il pour m’expliquer, avec un soupir.

— Dès que tu l’auras trouvée là-bas, tu m’écriras, n’est-ce pas ? demandai-je.

— C’est promis, bien sûr. N’es-tu pas mon compagnon et mon frère ?…

Et il me posa la main sur l’épaule.

Peu à peu je comprenais que c’était bien fini, puisqu’il voulait terminer ses études à Paris ; jamais plus je n’aurais avec moi mon grand camarade.

Il n’y avait d’espoir, pour nous réunir, qu’en cette maison de Paris où devait se retrouver la trace de l’aventure perdue… Mais de voir Meaulnes