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— Ne viens-tu pas ? me demanda Augustin, s’arrêtant une seconde sur le seuil de la porte entr’ouverte — ce qui fit entrer dans la pièce grise, en une bouffée d’air tiédi par le soleil, un fouillis de cris, d’appels, de pépiements, le bruit d’un seau sur la margelle du puits et le claquement d’un fouet au loin.

— Non, dis-je, bien que la tentation fût forte, je ne puis pas, à cause de M. Seurel. Mais hâte-toi. Je t’attendrai avec impatience.

Il fit un geste vague et partit, très vite, plein d’espoir.

Lorsque M. Seurel arriva, vers dix heures, il avait quitté sa veste d’alpaga noir, revêtu un paletot de pêcheur aux vastes poches boutonnées, un chapeau de paille et de courtes jambières vernies pour serrer le bas de son pantalon. Je crois bien qu’il ne fut guère surpris de ne trouver personne. Il ne voulut pas entendre Mouchebœuf qui lui répéta trois fois que les gars avaient dit :

— S’il a besoin de nous, qu’il vienne donc nous chercher !

Et il commanda :

— Serrez vos affaires, prenez vos casquettes, et nous allons les dénicher à notre tour… Pourras-tu marcher jusque-là, François ?

J’affirmai que oui et nous partîmes.

Il fut entendu que Mouchebœuf conduirait M. Seurel et lui servirait d’appeau… C’est-à-dire que, connaissant les futaies où se trouvaient les dénicheurs, il devait de temps à autre crier à toute voix ;