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avait pour sa part l’empire terrestre sagement il gouvernait les campagnes et les rivages. Corentin dans sa haute dignité, dans la splendeur dont l’environnait le corps sacré du Christ, apaisait la soif du peuple en lui distribuant le breuvage précieux de la foi. Il mérita d’être appelé le premier des contemplatifs car, voué à la plus profonde contemplation, à la vie la plus austère, il fallait pour le retirer du désert les plaintes des églises avec soin et diligence il les examinait, il rendait aux peuples une paix solide, puis retournait à la vie d’où il s’était arraché. Pour Gwennolé, le plus illustre de tous, son activité prodigieuse, la hauteur transcendante de ses vertus justifiaient sa prérogative de père des moines. »

EXTRAIT DE L’EPITRE DU VÉNÉRABLE PÈRE J. MAUNOIR AU GLORIEUX SAINT CORENTIN (1659) (A.-M. T.).


Dieu avait envoyé dans ces dernières limites de la Gaule Celtique, sept brillantes lumières pour dissiper les ténèbres de l’infidélité S. Paul en Léon, S. Tugdual en Tréguier, S. Brieu en Saint-Brieu, S. Malo en Saint-Malo, S. Samson en Dol, S. Paterne en Vennes et vous en Cornouaille. Vous avez esté entre ces beaux astres de l’Église, ce qu’est le soleil parmy les planettes vous avez esté le premier maistre des roys de l’Armorique, et l’Église, le jour de vostre feste, vous donne cet éloge, vous appellant Pater orphanorum, Patronus Oppressorum, Magister Regum, et vous disant en vostre octave :


Septem sanctos veneremur,
Et in ipsis demiremur
Septiformem gratiam
His proofulsit Corentinus.

« … Ça esté à la faveur de cette langue Armorique, ô grand apostre, que vous avez planté la foy dans la Cornouaille, avec des bénédictions du Ciel très spéciales, et qui donnent une vénération particulière pour l’idiosme dont vous vous estes servy. Le soleil n’a jamais éclairé de canton, où ayt paru une plus constante et invariable fidélité dans la vraye foy, depuis que vous en avez banny l’idolastrie. Dieu vous a mis comme un chérubin à la porte de ce Paradis terrestre pour empescher le retour du serpent infernal. Il y a treize siècles qu’aucune espèce d’infidélité n’a souillé la langue qui vous a servy d’organe pour prescher Jésus-Christ, et il est à naistre qui ayt vu un Breton bretonnant prescher une autre religion que la catholique. Les Eveschez, qui ont tenu fidélement à l’idiosme que vous avez honoré de vostre bouche sacrée, ont les mesmes avantages et faveurs, auxquelles aucune autre nation ne peut prétendre.

Dans votre Evesché, après qu’on a franchi le Cap Sizan, se void une isle nommée l’isle de Sein, où ne se trouve aucune beste venimeuse, et où aucun serpent ne peut subsister. C’est l’image de vostre terre saincte, arrousée de vos sueurs, terre qui, depuis qu’elle a esté cultivée par vos soins charitables, ne produit aucun venin contraire au sentiment de nostre Mère la saincte Église. »

LES SEPT SAINTS DE BRETAGNE (A.-M. T.).


On a souvent écrit, en ces dernières années, sur le pèlerinage fort ancien et fort populaire des Sept saints de Bretagne. M. Le Men, dans sa savante monographie de la Cathédrale de Quimper, a parfaitement résumé tout ce qu’avaient dit ses devanciers ; et ceux qui sont venus après lui n’ont guère ajouté à son exposé aussi complet que lucide les sept saints sont les fondateurs des sièges épicospaux bretons ; c’est pourquoi saint Clair, de Nantes, et Saint Amand, de Rennes, ne figurent pas dans ce groupe glorieux ; leurs sièges furent d’abord et longtemps occupés par des évêques gallo-franks ; il est vrai qu’on peut en dire autant du siège épiscopal de Vannes, mais comme politiquement il devint breton avant les deux autres, saint