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LA VIE DE S. TENENAN.

rtMtdo)’ appellatur, non procul ab alveo Ylornae fluminis quem implet quotidie maris fluxus. Erat quidem locus incognitus, inaccessibilis hominibus et incultus, circumdatus dumis et arboribus, quas densitas /b<’M(œ Beuozedi (Beuzit), in cujus medio erat, ptwstabat habebatque ex opposito, ex altéra parte YIornœ, silvam Talamonis consimili vepresitate confertam. Unde utrumque nemus innumerabilium ferarum copiam semper habet. » Vita S. Tenenani ex mss. P. du Paz, dans BI.-Mant. xxxvui, p. 723.

En citant ce texte M. de la Borderie a donc raison d’en tirer la déduction que je viens d’indiquer « Tenenan ou Tinidor, LE PATRON DE LA VILLE DE LANDERNEAU, naquit en Grande Bretagne, dans la paroisse dite Vallis ~E<jfMore<t ; encore jeune, il passa en Armorique au commencement du vus siècle. Sa barque pénétra dans le goulet de Brest, de là dans l’Elorn, et à trois lieues environ en amont de l’embouchure de ce fleuve, sur la rive droite, il établit un petit lann qu’on appela de son nom Lan-Tinidor (1), et auquel succéda plus tard Landerneau. À Ce lieu (dit son hagiographe) était inconnu, jusqu’alors inaccessible aux hommes, inculte, tout entouré d’un épais rempart d’arbres et de halliers que la forêt de Beuzit, au milieu de laquelle il se trouvait, produisait en abondance. En face, de l’autre côté de l’Elorn (sur la rive gauche) s’étendait la forêt de Talamon, non moins fourrée et moins épaisse. Aujourd’hui encore ces deux forêts sont peuplées d’une quantité innombrable de bêtes sauvages. »

M. de la Borderie ne fait pas de saint Ténénan un Irlandais, mais une indication fournie par lui suffit à montrer comment Albert Le Grand a pu attribuer l’Hybernie à notre saint comme lieu de naissance « Il a existé au moins trois saints Ténénan un Irlandais contemporain de saint Patrice, c’est-à-dire du ve siècle 2" notre Ténénan-Tinidor qui est du vu" 30 un autre qui vivait au temps des invasions normandes. Albert Le Grand les a amalgamés tous les trois en un seul personnage, ce qui fait un écheveau indébrouillable. »

Après avoir parlé de l’épiscopat de saint Ténénan, M. de la Borderie ajoute « Il revenait souvent se délasser, se retremper dans son ermitage de l’Elorn, et l’on croit qu’il y mourut. » Dom Lobineau désirant établir le lieu où il fut enseveli s’exprime ainsi « Les actes que nous avons suivis nous portent à croire que ce fut à Plabennec, où ses reliques ont été gardées quelque temps. Elles en furent ôtées pendant les guerres (on ne dit point quelles guerres) et cachées dans l’étang de Meloùet, avec une cloche. La cloche est restée dans l’étang, mais les reliques en ont été retirées et portées dans l’église ; nous ne dirons point dans laquelle, puisque les actes ne s’expliquent pas davantage il y a de l’apparence qu’ils entendent par là celle de Plabennec. » Aujourd’hui cette église ne possède aucune relique de saint Ténénan ; il en est de même des églises de Guerlesquin et de La Forest-Landerneau qui vénèrent le même patron, mais cette dernière a de lui une belle et riche statue antienne, dans sa gracieuse église au bord de l’Elorn.

Donc des restes vénérables de ce saint évêque il ne subsisterait que la relique conservée à Trégarantec sous le nom de saint Ternoc.

Quant à la ville de Landerneau, à une époque qu’il est impossible de déterminer, elle a remplacé son patron primitif par un autre évoque de Léon, saint Hoardon que nous connaissons déjà comme contemporain de saint Hervé, et par conséquent antérieur à saint Ténénan ; ce saint Hoardon n’a eu aucun rapport particulier avec Landerneau (du moins nous ne le savons ni par l’histoire, ni par la légende) ; tandis que saint Ténénan a sanctifié son territoire, saint Conogan est né à ses portes, et à ces deux saints qui devraient être sa gloire elle ne rend aucun culte particulier. Même la statue signalée par Gaultier du Mottay a disparu, probablement à l’époque où les religieuses bénédictines du Calvaire ont remplacé l’ancienne église des franciscains récollets par leur élégante chapelle ; peut-être la retrouverait-on avec sa lanterne dans quelque coin du monastère.

(1) On a vu qu’en tête de sa Vie, Albert Le Grand donne à saint Ténénan ce nom de Tinidor, qui était celui de son père.