Page:Le Grand Albert - La Vie des Saints.djvu/253

Cette page n’a pas encore été corrigée

LA VIE DE S. RONAN.

Mont a eure ato ar c’harr,

0 kas sant Ronan d’an douar

l’a chomaz sonn ann daou ejen,

Heb kerzet mui na rog na dren.

Eno e ce Iaket ar sant,

Evel ma kreder oa he c’hoant ;

E penn-ann-nec’h euz ar c’hoad glaz,

Eeunn-hag-eeunn dirag ar mor-braz.

Le convoi poursuivait sa marche, lorsque

les deux buffles s’arrêtèrent tout court, sans vouloir avancer ni reculer.

C’est là qu’on enterra le saint c’était

sans doute sa volonté là, dans le bois vert, au sommet de la montagne, face à face avec la grande mer.

ÉGLISE DE LOCRONAN ET TOMBEAU DE SAINT RONAN (J.-M. A.).EST là, sur le versant de la montagne dominant le bassin de Plonévez-Porzay et la baie de Douarnenez, que saint Ronan fit autrefois son ermitage, et après qu’il eût passé les dernières années de sa vie à Hillion, dans le pays de Saint-Brieuc, c’est là que son corps

—7.1- i

fut ramené d’une façon providentielle, pour être enseveli dans son oratoire qui a conservé depuis le nom de Pénity ou maison de pénitence.

Sans doute cet oratoire primitif a dû être promptement remplacé par un édifice plus vaste et plus digne ; puis au xie siècle le duc Alain Canihart, en reconnaissance d’une victoire remportée dans le voisinage et par l’intercession du saint pontife Ronan, reconstruisit son église et la dota de nouvelles possessions et de nouveaux privilèges.

Des constructions romanes d’Alain Canihart il ne reste rien. La grande et belle église que nous admirons maintenant est tout entière du style gothique flamboyant, et nous devons l’attribuer aux dernières années du xve siècle et aux premières du xvi", puisque les travaux ont été menés par Guillaume Le Goaraguer, qui s’occupait en même temps de la construction des voûtes dans la nef et le transept de la cathédrale de Quimper, de 1477 à 1514.

L’église de Locronan est comme une petite cathédrale, et certaines villes épiscopales seraient fières de posséder un édifice si noble et si beau. Voyez-la avec sa grosse tour carrée, autrefois surmontée d’une flèche et dominant de sa masse la vieille ville bien déchue de son ancienne richesse, mais toujours intéressante et pittoresque. Cette grosse tour est en arrière du grand porche d’entrée qui s’ouvre sur la place par une large arcade et donne accès dans l’église par une double porte à plein-cintre. Des simulacres de niches ou plutôt des arcatures tapissent les parois latérales.

En remontant un peu vers le haut de la place on se trouve en face d’un second porche ou du moins d’une porte monumentale et très ornementée qui forme l’entrée du pénity ou chapelle du tombeau de saint Ronan. Contournons cette chapelle et faisons le tour de toute l’église remarquons d’abord le joli clocher élégant du pénity, les fenêtres à meneaux flamboyants, les contreforts surmontés de pinacles, les galeries qui longent le bas des toitures, le clocher central, la belle disposition de l’abside droite avec la maîtresse-vitre à six baies ; puis sur le côté nord on pourra encore observer une ingénieuse petite fenêtre éclairant la sacristie haute, et un petit porche très original dont la porte centrale est accostée de deux fenêtres géminées. En pénétrant à l’intérieur on trouve d’abord les deux grosses piles sur lesquelles porte le grand clocher ; puis les trois travées de la nef divisées par des piliers ronds cantonnés de quatre colonnettes qui montent de fond sans chapiteaux pour aller former les nervures des archivoltes et des voûtes. À l’entrée du chœur sont deux grosses piles cylindriques dont l’une renferme un escalier à vis desservant les combles et les galeries extérieures ; puis viennent trois autres travées composant le chœur. L’édifice entier a 36 mètres de longueur intérieure, sur 16 mètres de largeur.

Les deux premières travées du bas-côté sud s’ouvrent sur la chapelle du pénity, longue de