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peuple aient trouvé grâce devant lui. La bourgeoisie ? Un ramassis de jaloux. Le peuple ? Des paresseux, des mendiants, des voleurs, côté des hommes ; des « prostituées », côté des femmes.

« Ajoutez à cela l’ivrognerie pour les hommes comme pour les femmes, continue notre auteur, et vous aurez une idée du peuple de Toullous. La confession est l’éponge que l’on passe sur ces ordures. L’opération faite, ils se croient parfaitement nettoyés et leur conscience est en repos jusqu’à nouvel ordre. »

Car les Toullousains sont très dévots. Ce qui nous paraîtrait une atténuation est une aggravation aux yeux de M de Boisville, lequel n’est pas plus tendre pour les clercs que pour les laïcs. Mon Dieu ! qu’il se moque agréablement des nonnes, des confesseurs, des sermonnaires de Toullous ! L’un de ceux ci, qui avait conquis par son éloquence les bonnes grâces d’une grande dame de la ville, en devait recevoir un calice magnifique auquel était joint ce billet : « En vous en servant, pensez à moi. » Par malheur, le mari de la dame ouvrit la boîte qui contenait le calice avant qu’elle ne fût parvenue à destination.

« Frappé d’une inspiration qui ne venait certes pas d’en haut, dit M. de Boisville, il substitua au calice l’instrument que redoutait si fort M. de Pourceaugnac, remit le billet à sa place et ferma la boîte de façon qu’on ne pût s’apercevoir de rien. »

L’anecdote a son prix. Elle eût ravi Armand Silvestre. Mais qui se fût avisé d’en placer la scène dans la patrie adoptive de saint Tugdual ! Hélas ! M. de Boisville ne respecte rien, ni les institutions,