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Chacun doit son tribut de contes ou de sônes,
De gwerz des anciens temps, de légendes bretonnes.
Apportez largement du cidre au vieux conteur.
Pour allumer sa verve et son esprit moqueur.
C’est bien : le cercle est fait ; on garde le silence ;
Le feu flambe joyeux. — Que Garandel commence !

Et Garandel commençait — ou Marie-Josèphe Keriwal ou Godie Rio ou le mendiant Jean Gourlaoüen ou tel autre baleer-bro (coureur-de-pays), renommé pour sa mémoire et sa langue affilée et dont Luzel, silencieux dans son coin, recueillait pieusement les kojo.

Vénérables « balivernes ! » Qui veut — mais qu’il se hâte ! — peut encore les ouïr sur la bouche de Marguerite Philippe, celle-là même dont Luzel a dit dans une note des Gwerziou :

« Marguerite Philippe est ma chanteuse et conteuse ordinaire. Pèlerine par procuration de son état, elle parcourt constamment la Basse-Bretagne en tous sens, pour se rendre (toujours à pied) aux places dévotes les plus en renom. Partout où elle passe, elle écoute, elle s’enquiert et me rapporte fidèlement toutes les chansons, tous les récits divers, toutes les pratiques superstitieuses et les coutumes qu’elle peut recueillir ou observer dans ses voyages. Sa mémoire est prodigieuse, et je n’exagère rien en portant à 200 environ le nombre des chants de toute sorte et à 130 le nombre des contes merveilleux et autres qu’elle connaît. Elle