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Villiers de l’Isle-Adam que Napoléon III l’avait attiré aux Tuileries dans l’intention de le faire étrangler par les sbires du duc de Bassano ; de celle d’un Jules Simon qu’avant d’être professeur de philosophie il avait été officier de marine ; de celle d’un Kerdanet qu’il n’avait pas rêvé les textes dont il faisait libéralement honneur à Suidas et à Avienus et de celle d’un Quellien qu’il n’avait pas fabriqué de toutes pièces la biographie de Perrinaïc. Lilluminisme celtique a ceci de particulier qu’il est incurable. Et ainsi s’explique encore que La Villemarqué, qui fut — le génie en plus — une manière de Macpherson armoricain, ne voulut jamais se rendre et mourut les lèvres scellées. Vainement l’archiviste Le Men, puis M. d’Arbois de Jubainville, professeur au Collège de France, dénoncèrent le pastiche du Barzaz-Breiz. Enfin parut, en 1872, le mémoire où Luzel, qui avait repris en sous-œuvre l’enquête de son illustre devancier, confrontait les textes originaux, à l’état brut, si je puis dire, et comme les lui avait livrés le peuple, avec les textes apocryphes, forgés de toutes pièces ou remaniés par La Villemarqué, l’abbé Guéguen et l’abbé Henry. Cette fois tous les doutes tombèrent[1].

  1. V. plus loin La question du Barzaz-Breiz. — L’extraordinaire, c’est qu’après la double leçon que leur avaient infligée Macpherson et La Villemarqué, il y ait encore eu des critiques, des savants, pour se laisser prendre à la supercherie de William Sharp, l’écrivain écossais décédé il y a quelque trois ans en Sicile. Ce William Sharp, en qui s’était réincarné notre Mérimée, imagina un beau jour de publier les vers d’une Calédonienne parfaitement ignorée, Fiona Mac Leod, et de les adorner d’une galante pré-