Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 2, 1908.djvu/354

Cette page a été validée par deux contributeurs.

voie, on ne manque pas de la signaler aux touristes : c’est une lourde bâtisse blanche de l’autre siècle, qui tourne le dos à l’Usk et dans le pignon de laquelle on n’a dû percer qu’après coup les légères ouvertures gothiques du second étage et cette large baie du premier qu’un bow-window prolonge sur le fleuve. Tennyson y portait sa table de travail : il embrassait de là tout le grand paysage historique qu’il allait reconstituer dans ses vers. La plupart des Idylles du Roi se passent en effet à Caerléon, soit qu’une secrète préférence inclinât l’auteur vers les rives évocatrices de l’Usk, soit qu’il fût guidé, comme je pense, par les vivants souvenirs qu’a laissés à Caerléon même le héros cambrien, premier type de cet idéal chevaleresque du moyen âge où selon l’expression de Montalembert, les vertus militaires se confondaient avec le service de Dieu et de Notre-Dame.

J’aurais aimé visiter la chambre où vécut Tennyson pendant ce mémorable été de 1853. Le temps ne me le permit point, et on m’assura, du reste, que, l’hôtellerie ayant passé en d’autres mains, il ne s’y voyait plus rien d’intéressant.

Mieux valait continuer mon pèlerinage, l’achever plutôt par une visite à la High-Tower. Mais, pour pénétrer jusqu’au château d’Artur, il fallait traverser une grande cour privée, puis un champ banal qui avait servi la veille pour l’établissement d’un flower show. Des ouvriers enlevaient les drapeaux et les tentes. Le propriétaire de la High-Tower se trouvait là. Fort aimablement il nous donna l’autorisation de visiter la tour ou ce qu’on appelle ainsi ; car j’avais beau écar-