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stupeur véritable. Elle a moins d’intérêt pour nous, et j’eusse préféré, quant à moi, que Girald nous donnât quelques détails sur le vieux puits miraculeux de saint Cadoc, dont l’orifice est resté visible dans le mur de soutènement où l’on a scellé la grille du cimetière.

Ces puits sacrés jouaient un grand rôle dans les anciennes traditions religieuses des Gallois. Quatre encore sont en vénération particulière dans le peuple : ceux de sainte Tégla, de saint Elian, de saint Dwynwen, surtout celui de sainte Winefrède, la gracieuse vierge à qui Caradoc trancha la tête sur le seuil de l’église où elle courait chercher un refuge contre sa brutalité. La tête, dit la légende, roula le long des bas côtés jusqu’à l’autel où les parents de Winefrède étaient assemblés pour faire leurs dévotions. Saint Beino, qui se trouvait dans l’église, saisit la tête et la replaça si dextrement sur le corps de la vierge que, sans la minuscule raie rouge qui cernait le cou de Winefrède, on n’eût pas su dire l’endroit où il avait été séparé du tronc. Bien entendu, l’infâme Caradoc fut englouti sur place et, pour commémorer son crime et la résistance de Winefrède, une source miraculeuse jaillit au point même où la tête était tombée, qui montre encore, à travers la limpidité de ses eaux, le sang pur de la vierge se détachant en plaques roses sur un lit de conferves et de sable.

Beaucoup de Gallois, même parmi les méthodistes, ont gardé pour ce puits une dévotion singulière. Ils s’y rendent en pèlerinage des extrémités du pays[1].

  1. Le mouvement des pèlerins s’était quelque peu ra-