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vœux ? Et faudra-t-il répéter indéfiniment à la commission parlementaire de l’instruction publique que l’enseignement exclusif du français, tel qu’on le donne en Bretagne dans les écoles de l’État, ne sert qu’à faire désapprendre leur langue natale aux écoliers sans les mettre en mesure d’apprendre la langue officielle [1] ?…

Le repas de mon aimable interlocuteur s’achevait, et, comme l’école est en face du musée et de l’église, c’est par ces deux monuments que nous commençâmes notre pèlerinage.

Le musée, par exception, n’a rien de gothique : c’est un édicule en forme de temple romain, assez petit, mais congrûment aménagé et qui remplit toute sa destination. Malheureusement, comme je l’expliquais tout à l’heure, la plupart des objets qu’on y a recueillis n’ont de gallois que le nom : médailles, pièces de monnaie, fibules, bracelets, lecythi, fragments de poterie, etc., etc., proviennent des Romains. C’est à peine si, dans le nombre, on remarque quelques anneaux oxydés, extrêmement épais, désignés sous le nom de druid’s beads, ou grains druidiques, et qui ont pu, à la grande rigueur, s’échapper du morain d’un pentyern gallois. Aux murs sont pendus ou adossés des fragments d’inscriptions latines, des dalles tumulaires, des colonnes brisées, voire de simples photographies, dont la plus curieuse représente la statue en bois de saint Amphibalus qui est conservée à Winchester. J’ai

  1. La Convention le savait qui, plus avisée que nos modernes Jacobins, avait autorisé l’emploi du breton comme langue auxiliaire dans l’étude du français.