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tôt dérange le moulin ; — tantôt empêche la ménagère essoufflée de riboter son beurre — et la boisson de fermenter ; — tantôt égare les voyageurs nocturnes en riant de leur déconvenue ? » — Et Puck répond : — « Tu dis vrai : je suis le joyeux rôdeur de nuit. — J’amuse Obéron et je le fais sourire, — quand je trompe un cheval gras et nourri de fèves — en hennissant comme une jument amoureuse. — Parfois je me tapis dans le fourneau d’une commère — sous la forme d’une pomme cuite, — et, lorsqu’elle lève son verre pour boire, je me heurte contre ses lèvres — et je répands l’ale sur son fanon flétri. — La matrone la plus sage, contant le plus lugubre conte, — me prend quelquefois pour une escabelle à trois pieds. — Je glisse sous son derrière ; elle tombe, — assise comme un tailleur et prise d’un brusque catarrhe. — Et tous alors de se tenir les côtes et de rire — et d’éternuer et de pétarader — et de jurer que jamais on n’a passé de plus gais moments ! » En vérité, n’est-ce point tout à fait notre pweka ?… Pour en revenir aux Tylwyth-Teg, si vous désirez lier connaissance avec elles, je vous confierai que c’est à minuit, quand la lune est dans son plein, qu’on a le plus de chance de les rencontrer autour des tertres et dans les clairières. Un de mes amis, grand magicien, a pu les approcher et noter, sans qu’elles s’en doutassent, leur air favori. Le croiriez-vous ? C’est tout bonnement l’air si connu de Toriad-y-Dydd ou le Point du Jour. Quant à la langue qu’elles parlent, il y a plus d’hésitation. Mais il est sûr que ce n’est pas le gallois. Le bon Girald le Cambrien, qui