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Singulière demeure et qui en dit long sur la misère secrète des Gallois ! Mais les apparences sont sauves : la maison, vue de l’extérieur, a quelque coquetterie ; le courtil qui l’entoure est égayé par les fleurs rouges des haricots. Et nous avons un parlour, dearest ! Vraiment oui, un parlour. Mais, ô chère petite chose, si vous tenez à vos illusions, de grâce ne leur faites point franchir le seuil.

Il ne faut pas non plus trop généraliser. J’ai visité d’autres fermes en Galles et particulièrement aux environs de cette aimable résidence de Llanover, et, si quelques-unes trahissaient la gêne, beaucoup passaient en décence, en confort véritable, nos rustiques intérieurs bretons.

Et les habitants ? me demanderez-vous.

Le temps m’a manqué pour pénétrer dans leur intimité aussi scrupuleusement que je l’aurais voulu. Je le regrette d’autant plus que ce sont ces gens des campagnes qui, à bien meilleur titre que l’ouvrier des villes, constituent le vrai fonds, le substratum de la race. Il m’a paru cependant que, si les traits généraux du caractère celtique ne s’étaient pas sensiblement modifiés chez eux, s’ils étaient restés expansifs et d’âme hospitalière, s’ils s’ouvraient volontiers aux séductions du surnaturel, la race, dans son ensemble, avait subi certaines diminutions importantes du fait de son accession au méthodisme calviniste. Une doctrine si sévère, à la longue, devait déteindre sur ce peuple. Elle l’a certainement assombri : les noces, les baptêmes, les fêtes chômées, tous ces incidents aimables de la vie privée ou publique, qui étaient autrefois l’occasion