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quoique le Skyrridd-Fawr soit sensiblement moins élevé que le Bloreng et le Sugarloaf, il est la vraie clef stratégique de la région. C’est un belvédère naturel qui commande toute la vallée de l’Usk, d’Abergavenny à Llanover. L’épreuve de la position a été faite d’ailleurs, voici deux ou trois ans, lors des manœuvres de corps d’armée dirigées par le duc de Clarence, qui fut l’hôte de lady Herbert à Llanover : un train d’artillerie, conduit par le duc en personne, fut hissé sur le Skyrridd, et l’on y procéda sous ses ordres à des exercices de tir. Un grand mât, à l’extrémité duquel flotte le pavillon particulier du prince, commémore cet événement.

L’humidité qui nous transissait abrégea notre visite au Skyrridd-Fawr, et comme, par précaution, on avait envoyé à notre rencontre un break chargé de plaids et de châles, nous le prîmes pour rentrer à Cold-Brook. Le cocher lança ses chevaux dans une grande garenne solitaire, feutrée d’un gazon élastique et velouté, où leurs pieds rebondissaient comme sur du caoutchouc. De ce train là nous ne pouvions tarder d’être au château. Mais, comme nous quittions la garenne pour la grande route, j’avisai le toit d’ardoises et les murs grisâtres d’une petite ferme bordière et je fis arrêter notre attelage.

La ferme, me dit-on, était au nom d’un certain Jones (naturellement !), qui la louait à un châtelain du voisinage.

Nous y entrâmes sans plus de façon que dans les chaumières bretonnes. À droite, l’éternel parlour, mais réduit à sa plus simple expression : meubles boi-