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même, après avoir creusé le bas du chœur en forme de piscine. À la place de l’autel, ils installèrent des divans et des sièges, d’où ils assistaient le plus commodément du monde aux ébats aquatiques des belles filles razziées dans les fermes et les châteaux du voisinage. Quelques-unes faisaient bien les revêches, mais il y avait tant de moyens excellents pour les décider à sauter le pas qu’elles finissaient par y venir toutes. La petite chapelle de Cold-Brook connut là des moments bien pénibles. Mais quoi ! Le civisme républicain des Roundheads était à couvert ; de l’ancien repaire du papisme n’avaient-ils point fait le vrai temple de l’égalité ? Comme on y quittait ses vêtements à la porte, il n’y avait plus que leur seule beauté naturelle qui distinguât les grandes dames des paysannes et la messe qu’on leur servait à toutes, fermières ou châtelaines, au sortir de ce galant baptême par immersion, pouvait différer par les officiants, mais non par la manière de la servir.

Il n’y a point de fumée sans feu ni de légende sans quelque fond de vérité, et celle-ci jette un jour singulier sur les mœurs privées de ces Têtes-Rondes, de ces farouches puritains qu’on nous peignait pour des miroirs de sainteté, pour des séminaires de vertu et d’honneur. Une malédiction pèse depuis lors sur la vieille chapelle ; le stupre et le viol sont ses hôtes ; ils empoisonnent l’air autour d’elle, et cette impression est si vive, même en plein jour, que les tenanciers de Cold-Brook coupent à travers bois pour éviter ses approches. Lady Herbert, qui a toutes les charités, voudrait purifier la chapelle maudite et la relever de ses