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tout[1]. Le canal est quasiment abandonné depuis la découverte des chemins de fer. Du moins n’y ai-je aperçu aucun chaland. Des puits au canal, le transport du charbon se faisait péniblement à dos d’âne et de mulet. Ce charbon lui-même, il fallait le hisser des profondeurs à dos d’homme. Pas de bennes : des échelons et des hottes.

Tout le gros du travail se fait aujourd’hui mécaniquement, sauf dans les galeries à grisou pour lesquelles on emploie encore des chevaux. Les bâtiments de la mine que nous visitons avant de descendre dans les puits n’ont rien de luxueux. C’est l’enveloppe de briques et de planches, laide et triste comme le cocon de la chrysalide, où ronflent à l’attache les monstres d’acier de la machinerie. À l’Albion, comme dans nos mines françaises, l’enlèvement du charbon s’opère au moyen d’une énorme roue à crans de 25 pieds de diamètre dévidant un câble de transmission qui communique au dehors avec un haut échafaudage muni lui-même de deux roues et bâti sur une ouverture de puits, par laquelle montent et descendent les bennes, dont le contenu, vidé automatiquement sur des wagonnets, est aussitôt dirigé sur la station voisine. À quelques pas de cet échafaudage sont les chambres de ventilation, qui débitent 250,000 mètres cubes d’air frais par minute, la chaufferie et la lampisterie. Il n’est pas jusqu’au nettoyage des lampes qui ne se fasse automatiquement, encore qu’elles soient d’un système

  1. Il est vrai que la compagnie ne les loue aux ouvriers qu’à raison de six francs par mois.