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impalpable flotte sur le ciel. D’interminables files de wagons, chargés de briquettes, de blocs de houille et d’anthracite, se succèdent à la queue leu leu dans la direction de Cardiff. Otez ces cheminées et ces wagons, il n’y a plus rien. On sent que la vie ici n’est pas sur terre, mais sous terre.

Qu’elle dut être belle pourtant, avant que l’industrie ne l’eût déflorée, cette vallée du Taff courant dans un cercle de hautes collines granitiques, dont plusieurs sont des volcans éteints ! Nous sommes dans le pays par excellence des éruptions cambriennes et qui leur a donné son nom. Toute la région de Saint-David et le Caernarvonshire témoignent encore de ces grandes convulsions primitives : elles sont inscrites à l’œil nu dans les coulées de felsite et de porphyre noir qui zèbrent le gris des roches. Même durant le silurien, l’apaisement est loin de se faire. Rien que dans le Caernarvonshire, près de 2.500 mètres cubes de tuf, aux calculs de M. Geikie, sont rejetés pendant cette période. Tels de ces énormes massifs, comme le « noble Snowdon «, qui mesure 1.100 mètres d’élévation au-dessus du niveau de la mer, sont ainsi formés presque exclusivement par des tufs et des laves andésitives.

La mine d’Albion, où notre wagon nous débarque, est en contre-bas du village de Cilpymidd, dont les maisons proprettes et confortables, spécialement construites pour les ouvriers, se mirent à la file dans l’eau morte de l’ancien canal de Gilamorgan. Nos corons du Pas-de-Calais ne m’ont pas paru si bien tenus, si plaisants à l’œil sur-