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de visiter ce bassin. La municipalité prévint nos désirs et nous fûmes avertis qu’il y aurait à la gare de Queen-Street un train spécial qui nous mènerait à la mine d’Albion, dont le maire de Cardiff, M. Thomas Morel, est justement le principal actionnaire.

À l’heure dite, nous étions une douzaine de Bretons sur le quai de la gare, auxquels vinrent se joindre trois ou quatre délégués irlandais, l’ingénieur de la traction et M. Trounce, ancien maire, présentement simple alderman de la cité.

Il semblerait singulier chez nous qu’un ancien maire consentît à descendre au rang d’adjoint. C’est que nous entendons les fonctions édilitaires d’une autre façon que nos voisins. La charge de maire est tout honorifique chez eux et on n’y prétend que pour la consécration qu’elle procure. Mais cette consécration est fort coûteuse : le maire en fonctions se doit à lui-même de représenter magnifiquement la ville dont il est le premier magistrat et, pour Cardiff seulement, cela se solde au bout de l’année par une centaine de mille francs. Aussi les très grandes familles pourraient seules prétendre à la mairie en Angleterre, si l’on n’avait rendu ces fonctions annuelles et si le renouvellement des mandats n’y était interdit.

M. Trounce, qui me donnait ces détails dans un français excellent, avait accepté de nous piloter à travers le bassin houiller. Nous causions sur le quai de la gare en attendant le départ du train quand je sentis qu’on me tirait doucement par la manche.

— Eh bien, Jack, qu’est-ce que c’est que ces familiarités ?