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sous le poids d’un impôt détesté, alors qu’on en a affranchi l’Irlande qui se trouvait, nature de religion mise à part, dans des conditions toutes semblables. Qu’on ne parle pas de l’utilité qu’il peut y avoir à conserver la secte officielle à côté de l’autre, pour amender ou moraliser nos montagnards ; ce sont, nul ne l’ignore, les plus vertueux citoyens du Royaume-Uni. »

Vertueux, je ne dis pas. Patients, c’est autre chose.

L’agitation contre les dîmes (anti-tithe war), qui n’avait revêtu jusqu’en 1886 qu’un caractère de protestation platonique, prit brusquement une forme aiguë à la suite des incidents qui eurent pour théâtre un petit village montagneux de 950 âmes, Llanarmon-yn-Jal, dans le Denbrighshire.

Appauvris par des pluies persistantes et de mauvaises récoltes, les contribuables de ce village devaient payer au recteur anglican une dîme de 447 livres sterling. Une délégation fut envoyée au recteur pour le prier de réduire la dîme en raison du mauvais état des récoltes. Le recteur refusa. Il ne consentit pas davantage aux délais qu’on sollicitait de lui. Intraitable, il menaçait de la justice s’il n’était pas payé immédiatement. Cette attitude souleva l’indignation générale. L’anti-tithe war gagna de proche en proche. Des rixes éclatèrent. Les constables ne suffisant pas, on recourut aux garnisons voisines. À Llannefydd, où la troupe avait chargé une première fois en 1888, il fallut, deux ans plus tard, recommencer le siège de chaque maison, enlever par force le bétail des fermiers qui refusaient de payer les collecteurs.

Les scènes de cette sorte sont monnaie courante en