Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 2, 1908.djvu/261

Cette page a été validée par deux contributeurs.

J’ai visité pendant mon voyage, outre le cimetière de Llandaff, un certain nombre de cimetières gallois ; ils ne m’ont point paru si désolés que le dit M. Le Breton, mais je n’y ai point découvert non plus la flore luxuriante dont parle M. Erny. L’usage de parer les tombeaux est d’ailleurs inconnu des Anglais. Les Gallois ont-ils cédé à la contagion de l’exemple ? N’est-ce point plutôt de leur part simple condescendance aux dures prescriptions du méthodisme calviniste et baptiste ? À Llandaff du moins, si les fleurs manquaient, la verdure prenait sa revanche. Le cimetière, de dimension restreinte et où l’on n’enterre plus personne, je crois, à l’exception des évêques diocésains, se perd tout de suite sous les arceaux d’un beau parc. Nous admirâmes, une fois de plus, combien la nature peut ajouter à l’art. Sur ce fond d’émeraude, la vieille abbaye découpait gracieusement ses fines dentelles de granit, et nulle part les tons dorés du monument ne laissaient surprendre le rajustage des parties, encore qu’une bonne moitié de l’église ait été reconstruite de nos jours.

L’antique édifice n’était déjà qu’une ruine en 1719. époque où la foudre consomma son délabrement[1]. Les voûtes avaient cédé ; une partie de l’étage supérieur de l’abside s’était écroulée ; des lèpres végétales, rongeaient le reste. Les dessins du temps que j’ai eus sous les yeux permettent de suivre, année par année, cette agonie du vénérable édifice. En cette combe de

  1. En 1697, l’évêque Bull l’appelait « notre triste et misérable cathédrale ».