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Reste à expliquer pourquoi les prénoms eux-mêmes sont si peu variés. Une hypothèse du même auteur est que le protestantisme, précisément au seizième siècle, entama la guerre contre le culte officiel rendu aux saints et que ce sont ces saints dont on porte généralement les noms comme prénoms. Mais on ne voit point que l’effet ait été le même pour le reste de la Grande-Bretagne, où les prénoms masculins ont infiniment plus de variété qu’en Galles, et peut-être faut-il chercher ailleurs la clef du mystère[1].

Je me rallierais volontiers, en ce qui me concerne, à une hypothèse un peu différente fondée sur le respect quasi religieux du Gallois pour tout ce qui lui vient de ses pères. Ces noms qu’ils portaient, il entend les porter à son tour. Taffy[2], comme on appelle familièrement le Gallois, de même qu’on appelle l’Écossais Sandy et l’Irlandais Paddy, est intraitable sur les questions de race et de foyer. Encore qu’il passe pour très serré (les Anglais disent carrément « avare »), surtout dans le Sud, on ne lui fait jamais appel inutilement dès que l’honneur national est engagé. Pour l’Eisteddfodd de Cardiff, les souscriptions particulières avaient atteint la somme respectable de 6,000 livres sterling, 130,000 francs. Il s’agissait pour Taffy de faire bonne figure devant ses frères des autres communautés celtiques, et Taffy ne rechignait pas[3]

  1. Voir à l’Appendice.
  2. Taffy vient de Taff, la principale des rivières galloises.
  3. Il n’a pas rechigné davantage, et quoique la dépense passât 50.000 francs, pour envoyer à l’Exposition Univer-