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seul en usage parmi eux et qu’on y ajoutait seulement, comme dans les généalogies grecques ou sémitiques, fils de (ap ou ab), suivi de la mention d’origine : John ap Thomas, from Pont y-Pridd (Jean, fils de Thomas, du Pont-de l’Argile).

Il y a quelque cinquante ans encore, dans je ne sais quelle petite ville de la principauté, un voyageur français (c’était, je crois, le fondateur de la Revue britanique, M. Amédée Pichot) s’informait près d’un garçon d’hôtel d’un de ses correspondants nommé Thomas.

— Quel Thomas ? lui dit le garçon. Voulez-vous parler de M. John ap Thomas, ou de M. Thomas ap Jones, ou de M. Thomas ap William, ou de M. ap Thomas le docteur, ou de M. ap Thomas l’épicier, ou de M. Thomas ap Thomas le menuisier, ou de M. Jones ap Richard ap Thomas l’avocat ?

Ce n’était aucun de ces Thomas, et notre voyageur, de dépit, planta là son correspondant.

Les choses ont un peu changé depuis lors. C’est dans les actes de l’état-civil surtout que cet usage des généalogies prêtait à d’interminables citations, et le gouvernement finit par prohiber leur emploi jusqu’à la deuxième génération ascendante inclusivement.

« Les ap disparaissant, dit M. Le Breton, les Gallois n’en restaient pas moins avec leurs prénoms servant de noms ; mais, à partir de ce moment, ils prirent l’habitude de désigner l’individu par ses deux noms — son nom et le prénom servant de nom, — ce qu’ils ne faisaient pas auparavant, puisqu’ils employaient alors ap. »