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qui l’entoure et qui rayonne pacifiquement au cœur de la populeuse cité, jusqu’à cet admirable château du marquis de Bute, le Pierrefonds de la Grande-Bretagne, restauré avec une magnificence toute royale, comme pour mieux souligner dans un coin du parc la détresse romantique de l’Old Keep, l’antique donjon bâti par Filzhamon en 1110, démantelé par Cromwell en 1632 et laissé tel, sur son tertre solitaire, que l’ont fait les années, les pluies d’automne et la griffe du Protecteur.

J’ai admiré, comme il convenait, la somptueuse demeure de lord Bute, le staircase, l’escalier monumental gardé par des cavaliers de bronze, les frises savantes du Winter Smoking Room, la tour de l’horloge, la bibliothèque… Et, malgré moi, je suis revenu à l’Old-Keep, au vieux donjon qui, dans un coin du parc, penche sur les eaux grises sa face délabrée.

C’est dans ce donjon que fut enfermé pendant vingt-six ans le duc Robert de Normandie, frère de Guillaume Le Roux et de Henri Ier. Par l’étroite fenêtre de sa geôle, cramponné aux barreaux, il apercevait la cime d’un grand chêne séculaire qui se dressait sur la falaise de Penarth et qui servait d’amer aux na-

    fort vers la moitié du siècle : « En ces dernières années, écrivait-il, on a déployé un grand goût dans la restauration du monument ; les peintures et dorures de l’intérieur ont été soigneusement grattées, les murs convenablement blanchis, ce qui ajoute à la beauté de l’édifice. » La sottise vaniteuse, le fanatisme bête et qui s’étale, n’ont pas de patrie, comme on voit.