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Le 18 août 1899, quand les représentants des cinq pays celtiques : Bretagne française, Irlande, Galles, Écosse, Man, furent réunis à Carthays Park, l’archidruide Hwfa-Môn, debout sur la pierre du Destin, sortit à demi du fourreau l’épée du Gorsedd, que les bardes, l’un après l’autre, vinrent toucher de leur main droite. Et il cria : « Est-ce la paix ? — Aves hoddeoch ? » Et les bardes répondirent par trois fois : « Oui c’est la paix ! — Heddeoch ! »

L’une des cérémonies les plus curieuses de l’Eisteddfodd de Cardiff fut précisément l’intronisation des bardes. Le Gorsedd comprend trois ordres de sociétaires : les bardes, les ovates et les druides. Les bardes portent une robe verte, les ovates une robe bleue, les druides une robe blanche. Il semble qu’il y aurait là certains éléments de pittoresque ; mais la vérité est que ce costume, sauf pour les druides, témoigne d’un mauvais goût parfait. Bardes et ovates ont l’air d’avoir été surpris par quelque catastrophe nocturne et de s’être enveloppés précipitamment dans leurs rideaux de lit.

Mais Hwfa-Môn, couronné de chêne, sanglé du pectoral d’or, était d’une magnifique couleur locale. Quelle plastique ! Quel gosier d’airain et, pour dire le mot, quels coups de gueule ! J’ai encore dans les oreilles cette voix rauque, caverneuse et qui couvrait cependant d’énormes espaces. Debout sur la pierre du Destin, il haranguait en « welsh » les délégations étrangères réunies sur les pelouses ombreuses de Carthays Park. Nous ne comprenions pas une syllabe de ce qu’il éructait, et ses rugissements nous émouvaient exactement