Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 2, 1908.djvu/223

Cette page a été validée par deux contributeurs.

quand il juge que mon admiration est au comble, il recommence son indécent petit manège, me tape sur le genou, se touche la figure, l’abdomen, les cuisses :

Just feel that ! Oune, deux :

C’est pès d’lè chair, c’était diou mé… erbre…

— J’aurais plutôt parié pour de la brique, dis-je imperturbablement.

Yes, yes, brique… Merbre, blanc ; brique, rouge, très rouge, comme roastbeef… I am the very representative man of the national roastbeef.

Et il n’y avait pas à dire cette fois : le roastbeef national, il le représentait magnifiquement !…

Cet étrange clergyman, type plus répandu qu’on ne croit et qui, de Paris, de notre langue, de dix siècles d’une des plus glorieuses littératures du monde, n’avait retenu que quelques gravelures de café-concert, nous accompagna jusqu’à Stappleton, ville manufacturière, laide et sale, noyée de fumée jaune, à travers laquelle l’œil plongeait sur un damier de toits et de pignons tristement massés le long de grandes rues rectilignes. Bradford et Bristol ne nous parurent pas d’une beauté supérieure. Presque aussitôt d’ailleurs, le train, par une forte rampe descendante, s’engagea dans un interminable tunnel sons-marin qui ne nous laissa plus rien voir.

C’est une sensation curieuse qu’on éprouve léans d’avoir sur le chef la mer et ses poissons et ses flottes et ses orages ; mais c’est une sensation toute subjective et qu’on ne peut se donner que par l’imagination,