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qu’on eût vivement liquidées chez nous au lendemain de leur déclassement. Et qui sait, après tout, si, quelque beau matin, les transformations du matériel, une évolution de la tactique navale ne rendront point de leur importance à ces bastions d’un autre âge ? Ce sont là des considérations qui touchent nos voisins et qui ne trouvent point d’écho chez nous : témoin tant de forts déclassés, comme le fort la Latte, le fort Cézon, le fort de Belle-Isle, le fort Sainte-Marguerite, etc., etc., brocantés par l’État républicain pour quelques centaines de francs et qu’il faudra racheter plus tard leur poids d’or. Les Français ont la vue courte et la judiciaire itou…

En ligne sur la mer, les light-vessels à coque rouge jalonnent le chenal.

De forme trapue et ramassée, presque ronde par le haut, très fine par le bas, avec une quille principale plus saillante que dans les navires ordinaires et des quilles latérales de petit fond qui réduisent l’amplitude du roulis, ils sont affourchés au droit du plateau sous-marin par deux ancres mouillées à une centaine de brasses l’une de l’autre et empennelées avec un corps-mort de bouée, mouillé lui-même dans le sens et en dehors de l’affourche. À la différence de nos bateaux-feux, ces light-vessels n’ont généralement qu’un seul mât, solidement étayé et haubanné pour porter la lourde lanterne octogonale où l’on hisse la nuit, dans leur cage treillisée, les lampes à réflecteur.

Tels quels, ils m’ont paru inférieurs en puissance et peut-être en stabilité à nos bateaux-feux. Il est vrai que les light-vessels, non plus que les phares de terre,