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fois que les loisirs de sa vie de garnison le lui permettaient, il accourait chez elle, c’est-à-dire à La Haye, où il avait sa chambre réservée, où il retrouvait ses chers bouquins, ses notes et ses cahiers.

J’ai visité La Haye, l’an passé, en compagnie de l’abbé Guirriec et de mon vieil ami Georges Dugoy, les meilleurs ciceroni qu’on put désirer en la circonstance. Tous les détails de cette visite sont restés présents à ma mémoire Je revois la large avenue de hêtres et d’ormes alternés qui menait au manoir, la ferme à droite, le manoir lui-même à gauche, jolie construction de la fin du XVIIe siècle, d’un étage sur rez-de-chaussée, raboutée d’une aile au siècle suivant. Une petite cour, ornée d’un puits à poulie et ombragée de grands lauriers arborescents contemporains du château, régnait devant la façade qu’elle séparait primitivement des jardins par une grille semblable à celle de l’entrée principale et scellée comme elle dans de grands pilastres Renaissance. La partie la plus intéressante de la construction était incontestablement l’annexe, avec son œil-de-bœuf, sa porte cintrée, ses cheminées magistrales et la ligne brisée de son grand comble à la Mansard. C’est dans cette annexe qu’était l’appartement de La Tour d’Auvergne. Mais tout y était ruiné, les murs seuls tenaient debout. Il y a beau temps que La Haye n’est plus habitée. Le fermier y loge ses fourrages ; les pièces du rez-de-chaussée servent d’écurie et d’étable.

On peut le regretter, quand on sait que La Tour d’Auvergne y vécut. L’abbé Le Guirriec a trouvé tout un paquet de lettres datées de La Haye et qui nous