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— La preuve qu’il est bien nôtre, disent-ils, est que, vers la moitié du XIXe siècle encore, des vieillards qui avaient connu le premier grenadier de France affirmaient tenir de sa propre bouche qu’il était né dans leur paroisse, non à Trémargat ni à Carhaix où il aurait seulement été baptisé, puis élevé par son père, lequel, d’ailleurs, portait le titre de sénéchal de Trébrivan.

Carhaix, Trémargat, Trébrivan, sommes-nous au bout de notre rouleau ? Point. Car voici qu’une quatrième commune bretonne entre en lice, Laniscat. Un annaliste guingampais, Benjamin Jollivet, remarqua que le territoire de cette commune possédait une maison noble appelée le Correc et qui appartenait en 1787, suivant le géographe Ogée, à la famille du même nom. Or, de cette famille, on ne trouve trace nulle part. De là à conclure qu’Ogée s’est trompé et qu’il a écrit par erreur Correc pour Corret, il n’y avait qu’un pas. Ce pas, Jollivet l’eût vite franchi.

« En effet, dit-il, la distance entre Laniscat et Carhaix est assez peu considérable pour qu’on puisse admettre que la terre de Corret —, si nous lui donnons ce nom, — a bien pu appartenir au père de Théophile-Malo de Corret qui, vraisemblablement, avait des propriétés dans le pays où est né son fils et qu’il habitait lui-même. Or, nul n’indique la maison où est né le premier grenadier de France ; nul n’indique la demeure du père, que les contemporains ont dû connaître, puisqu’il a donné son nom à son fils ; nul n’indique où demeurait la mère ! Sur ces différents points règne l’obscurité la plus complète, ce qui