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ce qu’elle est devenue, si l’on en croit M. Paul Boncour. « Elle a rendu, dit-il, à nos régions opprimées la condition nécessaire et préalable de toute autonomie : l’expression et la défense des intérêts économiques communs. » Et comme la loi sur les syndicats, sans le vouloir, a aidé au progrès de nos idées, les découvertes scientifiques vont y aider à leur tour : la vapeur, l’électricité, l’automobilisme renverront vers les extrémités du pays les afflux d’énergie qu’ils attirèrent si longtemps vers le centre. Phénomènes de « régionalisation spontanée », observe avec beaucoup de finesse Charles-Brun. C’est un fait particulièrement digne d’attention à cet égard que la transformation du journalisme provincial, la poussée récente, sur tant de points du territoire, de grands organes régionaux tendant de plus en plus à se substituer dans la faveur du public aux journaux parisiens qui monopolisaient jusqu’ici l’industrie des informations rapides. Soyez persuadés qu’il faudra très peu de temps à ces organes régionaux, puissamment outillés, pouvant distribuer les « dernières nouvelles » sept ou huit heures avant la presse de Paris, pour éliminer complètement cette presse du marché provincial ; faute de clientèle, il ne subsistera plus dans la capitale que trois ou quatre journaux doctrinaires et quelques gazettes mondaines. Encore inféodés à la politique centraliste, ces organes régionaux — toujours par la " force des choses » — deviendront à la longue de merveilleux, d’irrésistibles agents de décentralisation. Et ainsi prendra fin peut-être, sans qu’aucun parti y ait poussé et puisse revendiquer l’honneur de la vic-