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et au dehors sa sphère d’influence : ne détruisons pas les dialectes ni même les patois régionaux. « Un homme qui parle deux langues vaut deux hommes », disait Charles Quint. Et le mot est vrai, si vrai que la Convention avait décrété que le breton ne serait pas proscrit des écoles[1] et qu’on l’utiliserait comme langue auxiliaire pour l’enseignement du français…

Je vous laisse à juger si, depuis la Convention, nous avons fait du chemin en avant ou à rebours. Et, pourtant, directoire, consulat, monarchie, empire, république, nous avons épuisé en un siècle toutes les formes de gouvernement. Mais les constitutions passent, la centralisation demeure, et c’est qu’on ne se prive point volontiers, quand on est au pouvoir, d’un si commode instrument de domination. Je crois pourtant, Messieurs, au succès final de nos idées. Je crois que la décentralisation se fera un jour. Mais je crois aussi que les partis n’y seront pour rien et qu’elle sera tout simplement l’œuvre de cette « force des choses », dont mon ami Charles Maurras se moque un peu légèrement dans son admirable livre l’Avenir de l’intelligence et qui n’est cependant pas un facteur si négligeable.

L’auteur de la loi de 1881 sur les syndicats professionnels poursuivait, par exemple, j’imagine, toute espèce de fins, excepté de faire de cette loi « un formidable instrument de décentralisation ». Or c’est

  1. Voir L’Âme bretonne, 1re série, chap. : Le Mouvement panceltique.