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y avait à l’occasion de mélancolie pénétrante, de grandeur simple et naturelle.

Ainsi la Bretagne l’avait à ce point adopté, pétri et refondu, si l’on peut dire, que les Bretons se reconnaissaient en lui et le saluaient comme un de leurs bardes nationaux. Ils m’ont prié d’être leur interprète, de joindre leur hommage à celui des poètes de la tradition française et de le déposer au pied de ce monument. S’il est vrai que nos jours soient comptés et que l’heure soit venue où la vieille Âme Bretonne doive s’en aller de ce monde[1], celui est une consolation, au milieu de l’ingratitude universelle, d’avoir trouvé un refuge momentané dans l’œuvre de Gabriel Vicaire : accueillie comme une seconde mère au foyer du poète, elle n’oubliera point cette halte suprême sur le chemin de l’exil ; elle paiera d’une reconnaissance éternelle cette hospitalité passagère ; elle associera son nom à ceux des plus illustres et des meilleurs de ses enfants.

  1. On était au plein de l’effervescence causée par l’interdiction de l’emploi du breton au catéchisme et dans les prônes. Seuls, les députés conservateurs et progressistes — notamment MM. Louis Hémon, Lamy, le duc de Rohan, le marquis de l’Estourbeillon, l’abbé Gayraud à la tribune, M. le comte de Mun, grande voix momentanément condamnée au silence, dans la presse — s’étaient élevés contre cette inqualifiable atteinte à l’un de nos droits les plus certains. Voir, plus loin, p. 140 et s.