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toilette moderne, la France pour une monarchie et le duc de Vendôme pour le généralissisme de nos armées. Il y a plusieurs manières de travailler à l’engourdissement cérébral d’un peuple, dont la moins originale ni la moins efficace n’est pas celle qui, sous couleur d’instruire, ne vise à imprégner l’esprit que de notions fausses et surannées…

L’extraordinaire est qu’ayant été si souvent la dupe de ses pseudo éducateurs, le Breton ait gardé la même loi candide dans les vertus de la lettre imprimée. « Le moyen de contester ce qui est moulé ? » dirait il volontiers avec le Clitidas des Amants magnifiques. Il ne paraît point soupçonner que le livre, l’article de journal, l’affiche électorale, même la complainte en méchants vers boiteux qu’il achète dans les foires, peuvent être empoisonnés ; sa noblesse native répugne à supposer le mensonge, surtout le mensonge intéressé, chez les personnes d’une condition sociale — et donc d’une instruction — supérieure à la sienne. L’éternel berné qu’il est, quand il comprend sa méprise, préfère, par pudeur, garder le silence, se résigner.

Tavomp, ha loskomp peb-unan
Da heuill he chanz war ar bed-man

« Taisons-nous et laissons chacun — suivre son destin en ce monde. » Qui parle ainsi ? Le chœur, interprète du sentiment public, dans un vieux drame sacré du XVIIe siècle (Sainte Tréphine et le roi Artur) qui met en scène des ouvriers maçons rossés par le