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Peut-on voir dîner le roi ?… — Où étiez-vous l’été passé ? — J’étais de l’armée du duc de Vendôme… — De quelle étoffe voulez vous votre habit ? — De Berg-op-Zoom. C’est à présent la mode. — Combien le vendez-vous l’aune ? En voulez-vous un écu ? — Il vous coûtera trois livres dix sous. — Combien vaut ce cator ? — Il vaut une pistole. — Peignez ma perruque. — Dites au cocher qu’il mette les chevaux au carrosse. — La poste d’Angleterre n’est elle pas venue ? — Servante, faites mon lit et me donnez des draps blancs. — Que cherchez vous ? — Je cherche mon masque. — Que dites-vous de la Bretagne ? — C’est le plus beau pays du monde. — N’avons-nous pas ici de belles dames ? — Elles sont belles comme des anges. — Prenez garde, monsieur ! — De quoi, monsieur ? — De tomber dans leurs chaînes. — Je ne demanderais pas mieux. — Vous ne les romprez pas quand vous voudrez. — Monsieur, si j’y tombe, j’y veux mourir… »

Que cela est du dernier galant ! On ne parlait point autrement sous le grand roi et nous ne perdrions point à restaurer dans la conversation ce langage policé. Mais enfin c’est une entreprise un peu aventurée de donner ce langage pour celui des Français de la troisième République, les carrosses et la poste pour nos seuls moyens de locomotion, la livre, les pistoles et les écus pour des divisions de notre système monétaire, le drap de Berg-op-Zoom pour l’étoffe à la mode, les perruques et les masques pour des accessoires de la