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an XIII (3 février 1804). Il avait à cette époque vingt-deux ans ; Le Brigant en avait quatre-vingt-quatre. Après une carrière prodigieusement agitée, le célèbre Pontrivien, qui « avait donné tous ses enfants à la patrie » et qui était à peu près sans ressources, s’était lui-même retiré à Tréguier où il faisait alterner les études de minéralogie avec les études celtiques et les traductions bretonnes. La vieillesse ne lui avait rien ôté de son enthousiasme, et sa foi zélatrice s’était communiquée à son entourage. Au nombre et au premier rang de ses « sectateurs », pour parler comme Guillaume Le Jean, se trouvait Louis-Marie Le Duigou. Le Brigant n’eut pas de plus fervent ni de plus fidèle disciple. À la mort du Pontrivien, ses manuscrits et sa bibliothèque, qui devait être assez « considérable », furent dispersés à tous vents : M. de Kergariou et M. Le Bizec, « sacristain de Tréguier et éditeur de musique », en acquirent une partie ; une autre partie fut acquise aux collections publiques de la ville de Saint-Brieuc[1]. Il n’est pas défendu de croire que Le Duigou bénéficia du reste qui lui servit plus tard à monter son « cabinet de lecture ». Dans l’héritage du Pontrivien se trouvait peut-être aussi le bouquet dont a parlé Renan, souvenir de la fête de prairial an II, qu’on découvrit, après le décès du bonhomme, dans un coin de sa commode, « soigneusement enveloppé ». Mais le plus précieux héritage du maître fut sa pensée. Le Duigou, à la mort de Le Brigant, fit sien son « sys-

  1. Cf. P. Levot, Biographie bretonne, tome II, art. Le Brigant.