Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 1, 1902.djvu/73

Cette page a été validée par deux contributeurs.

bon hagiographe[1]. Loin que nous lui reprochions de s’être montré trop crédule (encore y aurait-il bien à dire sur cette prétendue crédulité qui n’est qu’une soumission volontaire à son sujet), nous lui savons gré de ne s’en être point tenu aux récits manuscrits ou imprimés des bréviaires, légendaires et martyrologes et d’avoir recouru à la tradition orale toutes les fois qu’il le pouvait faire. Au temps où vivait Albert, la science du folk-lore était encore dans les limbes. Il est curieux cependant que, de nos jours, un Lang ou un Luzel n’en agirait pas autrement avec son sujet que ne le fit Albert et qu’ayant à s’enquérir après lui du fonds légendaire ou mythique de ces vies des saints bretons il recourrait aux mêmes sources et ne mettrait pas un plus grand soin à les indiquer. Le P. Albert, inconsciemment ou non, est le premier en date de nos folk-loristes.


II


Mais qu’est-ce donc au juste que ces saints bretons,

  1. La preuve en est dans les éloges que le sévère La Borderie n’a pas craint d’accorder au P. Albert : « On lui reproche ordinairement sa crédulité, dit-il ; on devrait louer sa science et honorer sa conscience ». Et, à l’appui de ce jugement, M. de La Borderie cite une lettre inédite du P. Albert à Sébastien II, marquis de Rosmadec, lettre qui « fait voir avec quel soin il recherchait la vérité, même dans les petites choses, avec quel zèle il chassait les vieilles chartes et les vieilles chroniques. »