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bourdon dit de saint Mériadec, qu’on habille pour la circonstance d’une belle robe de satin bleu brodée d’or et qui repose dans l’église sur une claie décorée par deux figures d’ange.

Reliques et cloches ne composent d’ailleurs qu’une faible partie du mobilier des sanctuaires bretons. Il y faudrait joindre, pour être complet, les bénitiers de grès sur lesquels on aiguise les faucilles afin de s’assurer une heureuse récolte, les colliers en verroterie qu’on loue au pardon de N. D. de Baud pour se guérir des migraines récalcitrantes, les sachets de poussière bénite que les mères de jeunes marins suspendent au cou de leurs enfants qui partent pour le service, surtout ces « roues de fortune », comme il en subsiste à Saint-Laurent-de-Plœmel, à la Trinité-de-Quéven, à Saint-Nicolas-de-Priziac, à Saint-Gwénolé et à Saint-Languy du Finistère, qu’on faisait tourner pour interroger le destin, connaître si tel malade guérirait dans l’année, si telle affaire pendante aurait une issue heureuse ou malheureuse…

Le clergé, presque partout, a fini par interdire la consultation des roues de fortune. Il n’a point fait d’aussi grands efforts pour déraciner le culte naturiste des pierres et des eaux, et c’est peut-être qu’il sentait d’avance l’inutilité d’une pareille tentative. Les pierres saintes de Bretagne sont la plupart du temps des menhirs, des dolmens ou des cromlec’hs désaffectés et ces pierres possèdent toutes sortes de vertus. De même les fontaines[1]. À l’origine, quelque vague

  1. V. plus loin, au paragraphe des Saints.