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au tantad, la procession s’arrête : le bûcher flambe ; les canons pèlent : la foule entonne de nouveaux chants ; puis le cortège oblique vers l’église. Aller et retour, le trajet peut durer une heure ou deux. Davantage encore à Loc-Ronan, où la longueur de l’itinéraire se complique des fatigues d’une véritable escalada. Il convient d’ajouter que ce pardon spécial, appelé troménie et l’un des plus fréquentés de la région, n’a lieu qu’une fois tous les sept ans. La procession doit refaire le même trajet en lacis que le rade solitaire du Ve siècle accomplissait tous les matins par esprit de mortification : il s’agit d’atteindre au pas gymnastique, par un inextricable tortillon de petits chemins creux, pleins de fondrières et de mares d’eau stagnante, la crète d’une colline à pente raide où le saint avait son ermitage. L’escalade est coupée de douze stations, à chacune desquelles un prêtre récite l’évangile du jour. Bref commentaire de cet évangile, prières en commun, hymne de circonstance. Ci : dix minutes, juste le temps de respirer, après quoi tambours et tambourins battent la marche et le torrent reprend son cours furibond.

Il n’y faut point être asthmatique. La troménie, par bonheur, est une procession diurne : plusieurs grands pardons ont la leur de nuit (Guingamp, le Folgoät,

    d’être assez étrange, comme en témoigne le tercet populaire et si joliment irrévérencieux (on m’excusera de n’en pas tenter une traduction) :


    Sant Vincentik,
    Eur vazik enn he reorik :
    Ô pebez hillik !