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émane du leader de l’opinion radicale en Bretagne et qu’il n’apparaît pas que M. Guieysse partage le moins du monde sur les autres points les sentiments des régionalistes.

Il semble qu’on puisse concevoir des craintes plus justifiées au sujet de cette renaissance de l’idée de race qui est au fond des communes aspirations celtiques. Mais ici une première distinction est nécessaire : la solidarité qui tend à s’établir entre les Celtes de France et les Celtes de la Grande-Bretagne ne doit point faire illusion : c’est affaire de sentiment et de sentiment seul. En d’autres termes, les Celtes de France n’entendent être Celtes que comme les Basques ou les Flamands de France entendent être Flamands ou Basques, c’est-à-dire qu’autant que la conscience de leurs origines n’implique ni rupture ni relâchement du lien national. Français d’abord et, s’il est possible, Celtes ensuite : formule rassurante et qui concilie tout. De ce côté donc, aucune équivoque.

En va-t-il de même chez nos voisins ? Il n’y paraît guère au premier coup d’œil. Mais, à regarder les choses plus attentivement, on ne voit point qu’en dehors de l’Irlande révolutionnaire (et qui n’est telle que par la férocité de la politique anglaise pendant deux siècles) les divers mouvements nationalistes qu’on observe en Galles, en Écosse et même dans une fraction éclairée et prudente de la bourgeoisie irlandaise, soient un danger pour l’unité matérielle du Royaume-Uni. C’était du moins le sentiment de Gladstone, quand, invité à la Welsh national Eistedd-