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l’Australie, à 20 000 pour les Indes. Et là aussi on sent un progrès.


VI


Cette fois nous avons achevé le tour des grandes communautés celtiques de l’Europe, de l’Amérique et de l’Océanie et nous pouvons peut-être répondre à la question que nous posions au début de cet article. Y a-t-il quelque unité dans les aspirations des Celtes du continent et des îles ? Peut-on ramener à une formule générale ces formules si diverses et qui vont du séparatisme irlandais au régionalisme atténué des Bretons, en passant par l’autonomisme administratif des Gallois et des Écossais ? Je pense que oui. Séparatisme, autonomisme, régionalisme ne sont que des mots. Ce qui s’agite au fond de la conscience celtique, obscurément, confusément encore, c’est le sentiment de la race et des droits de cette race à la vie intégrale des races supérieures. Sous des devises différentes : Tra mor, ira Bryton ! Bepred ! Erin go bragh ! le même sentiment réapparaît chez les Irlandais, les Gallois et les Bretons, la même volonté de survivre, la même protestation contre la mort. Et c’est pourquoi on les voit si jaloux de préserver leur langue, de la garder contre les empiétements des langues étrangères. Elle est la clef d’or, le magique sésame qui ouvre à deux battants les portes mystérieuses de l’avenir.

Reste à savoir si ce sont là des aspirations que doi-