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la belle flamme zélatrice faisaient le plus heureux contraste avec l’indifférence et les mœurs relâchées de l’église anglicane. L’érection du premier temple non conformiste remonte au mois de novembre 1639. Il y a aujourd’hui, en Galles, près de 3 000 de ces temples, contre un millier de temples anglicans. L’anglicanisme n’en est pas moins demeuré la religion officielle de la principauté, et cela ne tirerait point à conséquence, sans doute, si les Gallois, qui paient déjà 300 000 livres sterling par an pour l’entretien de leurs cultes nationaux, n’étaient pas frappés encore de dîmes exorbitantes pour l’entretien d’un culte qui leur est à peu près étranger. Le seul personnel anglican des quatre diocèses de Bangor, de Saint-Asaph, de Llandalf et de Saint-David prélève chaque année, dans la principauté, la somme énorme de 6 404 450 francs. Que la principauté supporte malaisément une injustice si criante, la chose s’entend assez. Aussi bien l’agitation contre les dîmes (anti-tithe-war) ne date-t-elle pas d’aujourd’hui ; mais c’est à partir de 1886 qu’elle a pris sa forme la plus aiguë[1]. Les élections dernières s’en sont ressenties :

  1. Le signal partit d’un petit village montagneux de 950 âmes, Llalarmon-yn-Jal. Appauvris par des pluies persistantes et de mauvaises récoltes, les contribuables devaient payer au recteur anglican une dime de 447 livres sterling. Une délégation fut envoyée au recteur pour le prier de réduire la dime en raison du mauvais état des récoltes. Le recteur refusa. Il ne consentit pas davantage aux délais qu’on sollicitait de lui. Intraitable, il menaçait de la justice, s’il n’était pas payé immédiatement. Cette attitude souleva l’indignation générale. L’anti-