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noirs, aux yeux gris, à la face allongée, au teint brun et mat. Cette persistance de la race et du moral de cette race est d’autant plus significative que sur tous les autres points, langue, religion, etc., l’assimilation avec la race anglaise est complète. On ne voit point, par exemple, que les aspirations politiques des Cornubiens diffèrent sensiblement de celles des purs Anglo-Saxons. La représentation du pays, tant à la Chambre des communes qu’à la Chambre des lords, n’est pas seulement animée d’un loyalisme remarquable ; elle est aussi essentiellement et fervemment conservatrice[1]. Ce sont autant de raisons qui expliquent que le Cornwall ait pu se tenir jusqu’ici à l’écart du mouvement panceltique et qu’il y ait quelque témérité peut-être à essayer de l’y faire entrer. MM. Hobson Mathews et Jaffrennou ne craignent pas de s’y employer. J’ai quelque peine, pour mon compte, à partager leurs espérances dans une résurrection de la langue et de la conscience cornubiennes. Mais il y a une telle puissance de redressement dans les races celtiques que la chimère de la veille devient souvent chez elles la vérité du lendemain[2].

  1. Sur huit membres de la représentation du Cornwal, deux cependant sont partisans du home-rule.
  2. Il y a deux ans que ces lignes ont paru dans la Revue des Deux Mondes. Les espérances dont je me faisais l’écho ont-elles obtenu depuis un commencement de réalisation ? Voici ce qu’on lit dans l’Hermine du 20 avril 1902 sous la signature autorisée de Louis Tiercelin : « Un ami de Cornouailles, M. L. C. Duncombe-Jewell, me communique le programme d’une nouvelle association dont il est le secrétaire. Il s’agit de la Société