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obtint une bourse au collège de Vannes, puis au lycée de Lorient. Il fut tout de suite le premier de sa classe. Tous les prix étaient pour lui. Le père, resté veuf avec neuf enfants, était fier des succès de son aîné. Le cacherai-je ? Nous en étions aussi fiers que lui ; il nous semblait, à trois ou quatre de mes amis et à moi, que nous étions pour quelque chose dans son triomphe. »

À dix-sept ans, Joseph Koun était reçu au Borda avec le no 75 ; il en sortait, deux ans après, avec le no 18. Je ne suis pas bien sûr, quoi qu’en dise M. Tual, que cet excellent numéro de sortie lui conférât, entre autres privilèges, celui de se faire attacher à l’une quelconque de nos cinq préfectures maritimes ; mais, quand il y aurait eu des droits, j’ai idée que Joseph Koun eût refusé de les faire valoir. C’est que Jobic savait qu’à la maison de Baden, là-bas, près du golfe aux eaux changeantes, il y avait huit enfants, pauvre nichée à qui manquait souvent le nécessaire. L’aîné des huit venait justement de terminer ses humanités au collège de Vannes. Il était bachelier. Mais le baccalauréat n’est plus une carrière : il ne fait qu’ouvrir l’accès vers les études supérieures ; or ces études coûtent cher et les frais qu’elles comportent excédaient évidemment les modiques ressources de l’instituteur morbihannais. Alors Jobic, qui n’avait point encore quitté sa cabine de Bordache, Jobic se mit à sa petite table et de Brest, à son frère, fit passer le billet que voici :

« Je vais demander à faire campagne pendant mes deux années d’aspirant, et, sur les 140 francs que je