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LE CURÉ BRETON




À mon cher et vénéré maître M. Fouyé.


C’est décidément l’abbé Gayraud qui tient la corde et dont la candidature a chance de s’imposer, dans l’arrondissement de Brest, pour la succession de Mgr d’Hulst. Quelle levée de soutanes à propos de cette succession ! Elle était à peine ouverte qu’on voyait surgir de partout des robes noires et violettes et des bâtons pastoraux agitant des programmes polychromes. Le bruit de ces discussions est venu jusqu’à Paris, où l’on ne connaissait qu’assez vaguement le dessous des candidats. Sans quoi aurait-on pu prendre au sérieux un abbé M…, fort brave homme, sans doute, philologue averti, mais qui manque un peu d’équilibre et ne pèche point par l’austérité ?

Tout autre est, d’ordinaire, le prêtre breton. À la vérité, il ne faut point le chercher dans les villes : on l’y connaîtrait mal ou difficilement ; il faut le prendre dans son milieu de culture, à l’air libre, parmi les laboureurs et les matelots. Il est du peuple, né pour le peuple. On le voit bien à sa charpente, à ses mains larges, à cette tête dure où languissent des yeux de rêve, les beaux yeux tristes et fins de la race.

Il a presque désappris le français du chef-lieu. Comment le parlerait-il et à qui ? La confession, le