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sûr, quoi qu’en ait dit le Magasin pittoresque, qu’il « affectionnât surtout le Morbihan » ni qu’il ait écrit indifféremment dans les quatre dialectes. Les chansons que j’ai de lui et dont quelques-unes ont été imprimées chez mon père sont toutes en dialecte trégorrois. Son genre préféré était le genre des Disputes ou débats. Genre très florissant encore et pour qui mes compatriotes ont un penchant bien marqué. Quand le barde, dans ses tournées, est accompagné de sa femme ou d’un de ses enfants, c’est celui-ci ou celle-là qui lui donne la réplique. Comme toutes les poésies populaires, d’ailleurs, et à quelque genre qu’elles appartiennent, ces dialogues sont chantés. Quelquefois l’air, le « ton », comme on dit en Bretagne, est de l’invention du barde : War eun ton nevez (sur un air nouveau), lit-on alors en tête de la feuille volante ; d’autres gwerz ou sônes sont sur de vieux airs locaux : War ton Fantik Coant ; ar C’hoq ; ar Chasseer ; sant Kaourantin[1], etc.; quelquefois sur l’air d’une chanson française, comme Ton humeur est Catherine ou Malgré toute ta tendresse. D’autres fois, l’acheteur est prié d’en faire à sa fantaisie : War eun ton da ober (sur un ton à inventer). Quelquefois enfin, on indique seulement que la sône ou le gwerz doit être chanté sur un air agréable, ou joyeux ou languissant…

Yann-ar-Minous, qui fut de nos contemporains immédiats, avait hérité pour partie de la popularité de

  1. Sur le ton de la Jolie Françoise, du Coq, du Chasseur de Saint-Corentin.