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une note de Le Men citée par Luzel, le chapitre de Quimper s’était vu obligé de déserter la ville et de tenir ses réunions dans les paroisses voisines, propter pestem vastantem civitatem Corisopitentem. En 1598, date officielle du vœu des paroissiens de Plougastel, nouveau retour du fléau. « Après la famine, dit le chanoine Moreau, s’ensuivit la peste, qui fut l’année 1598, un an après la paix, et ce en punition des péchés des hommes qui y étoient si débordez que l’on n’y sçavoit plus prier Dieu que par manière d’acquit. Cette peste commença par les plus pauvres, mais enfin elle s’attaqua, sans acception de personnes, aussi bien aux riches, obstant que c’estoit, disoient-ils, la maladie des gueux et en moururent des plus huppés ». C’en fut assez pour déterminer les survivants à souscrire au vœu solennel de leurs concitoyens. Des monuments comme le calvaire de Plougastel devaient coûter fort cher à établir : la peste fit ce miracle de desserrer toutes les escarcelles. Et ce qui se passa céans dut se répéter à Guimiliau, à Saint-Thégonnec, à Pleyben… Ces érections de calvaires s’accordaient on ne peut mieux d’ailleurs avec le sentiment artistique et la tradition populaire. Il n’y a pas[1]

  1. tout de l’herbe à faucher, — sauf dans l’étroite ornière de la charrette — qui porte les cadavres en terre. — L’église est pleine jusqu’aux seuils — et le cimetière jusqu’aux murs. — Il faut bénir le grand champ — pour enterrer tout le monde, grands et petits. — À Plouescat on ne trouverait pas — un seul garçon pour garder les moutons, — si ce n’est un jeune garçon de dix-huit ans — qui a l’aposthume de la peste sur l’épaule. » (Gwerziou Breiz-Izel.)