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III


Le pays du Léon, de Morlaix à Brest, y compris une étroite bande de l’ancien archidiaconé de Poher, est par excellence le pays des calvaires. On en trouve bien quelques spécimens isolés dans la Cornouaille du sud et du nord-est (Kergrist-Moëllou, Lanrivain, Tronoen, etc.), dans le Goëlo (Runan) et même dans l’ancien archidiaconé de la Mée (calvaire de Pontchâteau, Loire-Inférieure). Il conviendrait aussi de mentionner le calvaire de Cléden-Poher (1375), ne serait-ce que pour les deux auges qui supportent les bras de la croix et viennent ensuite se raccorder au fût par un prodige d’élasticité musculaire ; le calvaire de Senven-Léhart, que l’abbé Gabriel Le Febvre croit de la même époque (1608) que l’ancienne chapelle bâtie par le marquis de Crénan, seigneur du Fœil, lequel est représenté à cheval et en harnais de guerre sur un des angles de l’entablement[1] ; le calvaire de Pestivien, que distingue son beau groupe de

  1. D’autres, à cause de la couronne, voient dans cette figure équestre un saint Louis. Ajoutons que le nombre des statues qui décorent le calvaire de Senven-Lehart est exactement de 12 et non de 18 ou 20, comme dit Jollivet. « Quant au badigeon dont il est question chez cet auteur, m’écrit M. l’abbé Le Febvre, les morsures du temps lui ont bien fait perdre de sa crudité… En 93, craignant pour leur calvaire, les habitants détachèrent Christ, larrons, chevaliers et statues et les enterrèrent dans un champ près de la chapelle. Le monument, quoique fort beau, ne porte que trop de traces de cet enlèvement précipité : les deux chevaux et quatre des statues ne tiennent