Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 1, 1902.djvu/213

Cette page a été validée par deux contributeurs.
LES GRANDS CALVAIRES DE BRETAGNE

Voilà des défauts qui n’apparaissent pas dans les calvaires de Lanrivain, de Runan et de Kergrist-Moëllou, bien qu’on retrouve dans le premier de ces monuments le massif plein rectangulaire, mais sans la frise du premier étage et avec des dimensions réduites de moitié. On serait plutôt tenté de lui reprocher le défaut contraire et que les croix y sont trop lourdes pour l’exiguité du piédestal. Quant aux calvaires de Kergrist et de Runan, qui comptaient parmi les plus beaux et les plus anciens de Bretagne, du premier il ne subsiste plus que le socle et des débris de statues pieusement recueillis par le recteur actuel, M. Le Riguer, chez des habitants de la paroisse qui les avaient promus à la dignité de lares domestiques — encore la restauration en est-elle possible[1] ;

  1. Et combien elle serait désirable ! L’artiste distingué chargé de cette restauration, M. Auffray, de Saint-Nazaire, n’attend que les fonds nécessaires pour se mettre à l’œuvre. « Actuellement, m’écrit-il, le calvaire de Kergrist est réduit à un massif plein octogonal sans autre ornementation que des moulures à la partie supérieure. Un des pans de ce massif reçoit un escalier parallèle à l’arc longitudinal de l’église et donnant accès à la plate-forme qui portait une scène très compliquée représentant la vie du Christ. Les personnages de cette scène ont été retrouvés, au moins en grande partie, par M. Le Riguer, chez des habitants de la localité qui les avaient recueillis comme totems et logés dans leurs cheminées. Quelques fragments étaient encastrés dans des murs ; une pierre creusée et travaillée servait d’auge. Pieusement, inlassablement, M. Le Riguer a tout recueilli (près de 100 statues). Sa collection présente très peu de lacunes : à part quelques statues qui, au premier examen, ne semblent pas appartenir au monument et qui trouveront sans doute leur place quand la plate-forme sera débarrassée d’une croix moderne