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seulement on le vit céder à son inclination naturelle : ce fut le jour qu’il écrivit son livre sur le Langage des Fleurs, bien oublié maintenant et qui contient des pages charmantes, d’émotion vive et délicate.

— Mais est-il vrai que Paris l’ait gâté, que, dans un milieu plus humble, moins bruyant, il eût développé peut-être des qualités restées en jachère et qu’il ne retrouva plus que rarement ? Une petite nouvelle de lui, le Trombone de Schwalsbach, est écrite avec soin, gracieuse de tour et d’idée, ce qui fit dire méchamment à l’un de ses biographes parlant de cette seconde manière de l’auteur du Courrier de Lyon :

— « Dans la suite l’orthographe l’attira ».

Je croirais plutôt à un revenez-y. Zaccone, tout jeune encore, avait débuté dans les revues bretonnes par des récits de « haut style » à la façon de Senancourt et de M. de Jouy. Le Dernier des Kerbrat est à ce point de vue la plus extraordinaire chose qu’on puisse rêver. C’était le temps où, en Bretagne même, M. de Keratry le père triomphait avec son Dernier des Beaumanoir: Hippolyte Bonnetier avec son Guy Eder et ses Vieilles femmes de l’île de Sein ; Émile Ménard avec son Budic-Mûr, son Penmark et son Champ des Martyrs ; Pitre-Chevalier avec sa Jeanne de Montfort, son Conan-le-Têtu et son Abbesse de Lokmaria. La « matière de Bretagne » engendrait quotidiennement à la littérature des douzaines de petits Walter-Scott régionaux. Zaccone fut du nombre. Mais le genre exigeait un effort, une continuité de tenue qui ne lui plaisait que modérément.