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qu’Hippolyte Lucas est le seul homme du siècle qui ait eu l’insigne honneur de collaborer avec Hugo ? Oui, avec Hugo. Hippolyte Lucas avait détaché du Rhin un conte délicieux : le Beau Pécopin,

— C’est une féerie toute faite, écrivit-il au solitaire de Guernesey. Ah ! si vous vouliez me bâtir un scénario !

— Je vous en bâtirai deux, trois, quatre, autant que vous en voudrez, dit Hugo.

Il ne fut besoin que du premier. Sur ce scénario, qui dort dans ses papiers posthumes, Hippolyte Lucas brossa une féerie qui fut jouée plus de cent fois à l’Ambigu. Hugo était toujours à Guernesey. Il écrivit à Hippolyte Lucas pour le complimenter : « Votre Beau Pécopin est ravissant, lui disait-il, et a ici profondément ému les femmes et charmé les hommes. » Et de tout cela pourtant, de ces éloges, de ces articles, de ces romans, de ces histoires, de ces pièces de théâtre d’Hippolyte Lucas, le Beau Pécopin compris, il ne demeure plus rien. Vanité du tirage à la ligne ! Tout a sombré jusqu’au nom de l’homme. Seuls peut-être et grâce à la piété de son fils, quelques vers des Heures d’amour surnageront dans les mémoires et témoigneront de l’esprit ingénieux et charmant qui habitait chez cet automate de la copie.